23 villes signent et lancent l’Appel à Agir de Lille “pour une culture moins carbonée et plus inclusive”

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Lors du forum culture du réseau Eurocities, co-organisé par la ville et la métropole de Lille, 23 villes européennes se sont engagées à mettre en œuvre une politique culturelle plus durable et plus inclusive. A l’issue de trois jours de rencontres entre responsables de 55 villes venus de 19 pays, le 30 septembre 2022, ces villes ont signé un appel qui s’appuie sur 16 priorités en matière de transition écologique et d’inclusion sociale.

“La culture ne peut pas rester à côté de cette évolution de la transition énergétique et d’une politique qui ne laisse personne sur le bord de la route”, a estimé la maire de Lille, Martine Aubry.

Elle a cité l’exemple de l’Opéra de Lille qui “a donné 30 tonnes de décors et de costumes à des troupes ou à des compagnies locales en 2021”, ou encore le Palais des Beaux Arts lillois, qui s’est efforcé de créer des expositions plus responsables, en limitant les transports d’œuvre et en concevant des scénographies recyclables. (Programme d’action durable culturelle de la ville de Lille)

“Nous opposons, par les arts et la culture, le cercle vertueux de la sobriété et de l’inclusion aux travers de la surconsommation et de l’exclusion. Il ne peut y avoir de société durable si elle exclut et laisse des personnes sur le bord du chemin. Nous, Villes et Agglomérations d’Europe, nous réunissons collectivement et nous engageons à faire évoluer nos politiques publiques en faveur d’une culture moins carbonée et plus inclusive, à y œuvrer de manière concertée et collaborative avec l’ensemble des acteurs culturels qui travaillent sur nos territoires et à rendre lisible cette ambition et les actions déployées en ce sens auprès des citoyens et habitants”. Extrait de l’Appel.

  • Les 23 premiers signataires 

Vingt-trois villes ont déjà signé l’appel. Outre la ville hôte, Lille, sept villes françaises, la majorité candidates au titre de capitale européenne de la Culture 2028 sont signataires: Avignon, Bourges, Clermont Métropole, Montpellier, Reims, Rouen, Saint-Denis.

On trouve également Arezzo (Italie), Courtrai (Belgique), Dresde (Allemagne), Eindhoven (Pays-Bas), Glasgow (Ecosse), Gdansk (Pologne), Ljubljana (Slovénie). S’y ajoutent huit villes jumelées à Lille : Erfurt (Allemagne), Esch-sur-Alzette (Luxembourg, actuelle capitale de la Culture), Leeds (Angleterre), Liège (Belgique), Turin (Italie), Valladolid (Espagne), Wroclaw (Pologne) et la plus symbolique de toutes les villes, en cette période : Kharkiv, en Ukraine.

D’autres villes devraient rejoindre les premiers 23 signataires, dans les jours prochains.

  • De l’appel à l’action

La démarche se veut plus qu’un simple appel. Les villes se sont ainsi engagées à partager leurs bonnes pratiques et sensibiliser artistes, le public et les institutions culturelles à la nécessité de s’améliorer dans ce domaine.

“Il faut faire en sorte qu’il y ait un vrai mouvement européen”, a annoncé la maire de Lille, qui a rappelé que sa ville avait déjà conclu au niveau local un “pacte bas carbone” avec 170 signataires (promoteurs, aménageurs, bailleurs, architectes, etc.).

En signant cet appel, les villes s’engagent collectivement à:
. affirmer à l’échelle européenne l’impératif de politiques publiques culturelles plus durables et inclusives ;
. travailler avec les grandes villes d’Europe pour améliorer les politiques et pratiques en la matière.
“Pour cela, nous proposons de lancer un groupe de travail spécifiquement dédié à la culture durable au sein du Forum culture d’Eurocities. Ce groupe de travail permettra de partager les expertises, savoir-faire et les innovations développés par les différentes villes européennes, membres d’Eurocities, dans le domaine de la culture durable”;
. réfléchir à des projets collaboratifs associant plusieurs villes européennes sur les priorités ciblées dans le présent appel de Lille (des financements européens pourraient accompagner cette dynamique);
. mettre en commun les bonnes pratiques et les projets structurants (et leurs résultats) mis en œuvre par les Villes du réseau afin de progresser collectivement sur les enjeux de culture durable;
. sensibiliser les acteurs culturels, de toute nature, publics comme privés (institutions culturelles, associations, organisations…), les artistes ainsi que le public à la démarche de culture durable et aux impératifs de transition écologique et d’inclusion sociale.

  • Pour une culture moins carbonée

Les activités culturelles et artistiques, comme toute activité humaine, sont consommatrices d’énergie, de ressources et de matériaux. Elles peuvent également générer plusieurs types de pollutions.

“Nous partageons le constat de l’urgence à agir pour répondre à l’impératif écologique qui s’impose à nous, au travers de l’ensemble de nos politiques publiques, dont celles de la culture. S’il fallait encore le démontrer, l’été 2022 est une preuve supplémentaire de la nécessité qu’il y a à atténuer les phénomènes environnementaux et à adapter nos territoires aux transitions climatique et environnementale. Face à l’intensification des phénomènes dus au dérèglement climatique et à l’effondrement de la biodiversité sur l’ensemble de la planète, il nous appartient à toutes et tous d’agir plus rapidement pour aller vers plus de sobriété tout en faisant preuve d’ingéniosité et de créativité. Notre horizon commun est l’année 2025: d’ici trois ans, nous risquons d’atteindre les points de bascule de l’équilibre de notre environnement et donc de nos modèles de société” estiment les signataires.

Afin d’aborder la transition du secteur culturel de leur territoire vers des modes d’organisation et d’expression plus durables, les villes et métropoles reconnaissent les axes suivants comme prioritaires dans la lutte contre le dérèglement climatique.

Priorité no 1 Préserver les ressources
Priorité no 2 Préserver les espaces naturels en ville
Priorité no 3 Repenser la mobilité
Priorité no 4 Relocaliser les activités
Priorité no 5 Développer les logiques partenariales territoriales
Priorité no 6 Optimiser l’efficience énergétique des bâtiments culturels
Priorité no 7 Renforcer les achats/laconsommation responsables
Priorité no 8 Réaliser le bilan d’empreinte carbone des événements
Priorité no 9 Exploiter le potentiel du numérique tout en en ayant une utilisation raisonnée

“La révolution numérique a profondément modifié notre façon de communiquer et de diffuser les arts et la culture. Elle est une réelle opportunité pour les peuples européens de se rapprocher et de célébrer la richesse de nos cultures. Le numérique est également un excellent moyen – la crise de la Covid 19 nous l’a prouvé – pour se réunir à distance. Nous devons nous en inspirer pour réduire les déplacements inutiles et ainsi, réduire l’impact environnemental de nos activités. Pour autant, nos habitudes numériques doivent également évoluer car les émissions de gaz à effet de serre du secteur du numérique augmentent d’année en année. Nous réaffirmons donc l’importance d’évaluer l’impact environnemental de ces usages numériques, en vue de les réduire”.

Priorité no 10 Former aux enjeux de la transition écologique
Priorité no 11 Recruter des ressources humaines spécialisées pour mener à bien les objectifs de politiques publiques de culture durable.

Deux visiteurs au musée Albertina de Vienne. Photo: Eweht. Wikimedia Commons
  • Pour une culture plus inclusive

Dans le domaine de l’inclusion, les villes s’engagent à s’attaquer aux freins “socio-culturels, économiques ou géographiques” empêchant l’accès de certaines populations à la culture, développer des projets “ambitieux en faveur des publics vulnérables”, ou “garantir la parité hommes-femmes dans les politiques culturelles”.

“Permettre à chacun d’accéder aux œuvres, de pratiquer un art et de créer à tout âge, de mieux appréhender et comprendre le patrimoine, de développer des imaginaires, d’aiguiser l’esprit critique et l’ouverture au monde ou encore de partager des émotions figurent parmi les ambitions de ces politiques culturelles. Le bénéfice social de la culture n’étant plus à rappeler, il nous appartient d’accompagner le secteur culturel vers la transition écologique, et de réduire le plus possible l’impact des activités culturelles sur l’environnement, tout en restant exigeants sur les objectifs d’excellence artistique et d’inclusion sociale, considérant que se préoccuper des plus vulnérables bénéficie au plus grand nombre”.

La culture durable porte également de fortes ambitions pour contribuer à forger une société toujours plus inclusive, permettant la participation de toutes et tous à la vie culturelle, mais aussi plus globalement à la vie de la cité.

Priorité no 12 Permettre un accès aux programmes culturels pour tous en veillant à corriger l’ensemble des freins à l’accès à la culture (socio-culturels, géographiques, économiques, technologiques etc.)
Priorité no 13 Développer des projets ambitieux en faveur des publics vulnérables
Priorité no 14 Veiller au maintien et au développement de la diversité culturelle et artistique
Priorité no 15 Intégrer les questions de genre et garantir la parité femmes-hommes dans les politiques culturelles
Priorité no 16 Accroître la participation citoyenne dans l’élaboration et la mise en œuvre des politiques culturelles.

SOURCES: Ville de Lille, presse

PHOTOS: Ville de Lille, Sinapses Conseils

PHOTO du carousel: Visite guidée et dansée du Jardin Botanique de Lille. Crédit : Daniel Rapaich.

Date de première publication: 03/10/2022

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