Covid-19 / Innovations muséales et patrimoniales : quelques premières leçons d’un mois de confinement

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Temps de lecture : 16 min

En entrant dans l’ère si nouvelle et si inattendue du confinement, les musées du monde se sont confrontés à des difficultés et à des incertitudes sans précédent. Depuis la mi-février 2020, la quasi totalité des musées ont fermé leurs portes et ont dû relever un défi immédiat: maintenir une relation forte avec leurs publics, devenus virtuels, mais dont la situation de confinement donnait du temps pour apprendre, se divertir, créer à domicile et interagir avec l’extérieur. Recycler des ressources numériques existantes a vite atteint ses limites, des musées ont rapidement inventé de nouveaux contenus et de nouvelles formes de médiation. Un mois après le début du confinement en France, quelles premières leçons peut-on tirer des stratégies d’innovation des musées du monde dans ce  contexte historique ? 

  • Recenser ses ressources numériques existantes 

Le premier réflexe des institutions muséales a naturellement été de “puiser” dans leurs ressources numériques pour apporter rapidement des contenus à leurs visiteurs distants.

Au delà du recensement de ces ressources et de leur “remontée” des sections lointaines voir archives des sites web, des musées ont fait l’effort d’organiser et de présenter ces contenus par cible de public ou par type d’activités comme par exemple la Royal Academy of Arts de Londres. (Lire l’article du CLIC France: Covid-19 / La Royal Academy of Arts lance de nouvelles initiatives numériques pour mieux impliquer le public pendant la fermeture)

D’autres -comme le Manchester Museum- sont allés encore plus loin, en rassemblant les contenus adaptés à cette période de confinement dans un nouveau site, totalement mobile, et ainsi particulièrement adapté à un usage à domicile. (Lire l’article du CLIC France: Covid-19 / Le Manchester Museum rassemble ses contenus numériques dans un nouveau site mobile)

  • Et les valoriser sur les réseaux sociaux

Une fois recensés, ces contenus numériques sont devenus plus que jamais le carburant des comptes sociaux (facebook, twitter ou instagram) des principaux musées du monde.

Et pour mieux les valoriser en leur donnant plus de visibilité, les musées ont très vite adopté de nouveaux hashtags, tel que #MuseumFromHome ou #museumathome, créé le 10 mars par les musées de Bruxelles ou leurs versions plus thématiques #MuseumMomentofZen,  #museumconfinementurl ou #museeconfinementurl.

Ces différents hashtags utilisés sur facebook, twitter et instagram ont permis aux musées de partager plus facilement leurs contenus textes, photos et vidéo, liés aux collections, aux visites de galeries, aux expositions vidéo et aux activités éducatives.

Mais dans ce contexte de confinement, de disponibilité et d’appétit insatiable des publics pour des contenus renouvelés et engageants, recycler des contenus existants ne suffit plus. Et certaines institutions l’ont bien compris, en offrant très vite des ressources nouvelles, plus interactives, plus ludiques et parfois plus décalées.

  • Offrir de l’exclusif

Pour faire vivre leur site web et leurs réseaux sociaux, et en augmenter l’attractivité, des musées y ont rapidement diffusé ds contenus exclusifs, même s’ils n’étaient pas nécessairement nouveaux. Mais au moins, ils étaient inédits sur leur plateforme.

Le Met Museum a ainsi offert à ses visiteurs numériques la première diffusion numérique de l’opéra américain emblématique The Mother of Us All, avec une musique de Virgil Thomson et un livret de Gertrude Stein, qui a été diffusé -une seule fois- sur les pages YouTube et Facebook du Met Museum, le vendredi 3 avril à 19 h.

Le même musée a également offert la première numérique du long métrage documentaire « Gerhard Richter Painting », réalisé par Corinna Belz, présenté dans le cadre de l’exposition « Gerhard Richter: Painting After All » du Met Breuer (mars-juillet 2020), qui a eu lieu le samedi 11 avril à 19 h sur le site Web du Met, site sur lequel le programme restera disponible en streaming jusqu’au début juillet 2020.

La Royal Academy of Arts a se don côté proposé la première diffusion numérique sur sa page facebook du documentaire «PHYLLIDA», « un portrait intime du sculpteur britannique lors de la préparation de son exposition rétrospective « cul-de-sac », à la Royal Academy of Arts en 2019 (23 février – 23 juin 2019) tandis que le Met diffuse un documentaire sur Richter.

En France, le musée Unterlinden propose également l’accès gratuit à un documentaire sur la restauration de son célèbre rétable.

  • Faire visiter le musée fermé

Malgré leur fermeture, certains musées ont choisi d’ouvrir leurs portes de manière numérique.

Depuis le 17 mars 2020, le Van Gogh Museum publie ainsi chaque semaine un clip vidéo de 3 minutes qui offre une “visite unique” du musée vide. A terme, 7 galeries seront ainsi visitées.

“Vous avez toujours voulu être seul au Musée Van Gogh? Entrez dans le monde de Vincent et profitez de la visite vidéo privée”.

Episode 1 de la série 4K Tour:

Egalement fermé pour une période indéterminée,  le Musée national des beaux-arts du Québec offre de nouvelles visites virtuelles de salles d’expositions permanentes du pavillon Gérard-Morisset.

“Ce qui est un peu fou, c’est qu’on avait déjà une salle qui avait été complètement numérisée pour une visite 3D qui était la salle Croire, sur l’art religieux, dans le redéploiement du Pavillon Gérard-Morisset”, explique à Radio Canada Marie-Hélène Raymond, coordonnatrice de la stratégie numérique au Musée national des beaux-arts du Québec. “Mais dans les dernières semaines, le MNBAQ a procédé à la numérisation 3D de trois autres salles du pavillon Gérard-Morisset”.

Le public confiné peut donc dorénavant accéder à ces 3 nouvelles visites virtuelles: ImaginerDevenir et Ressentir.

Le Altes Museum de Berlin s’est associé avec le programme rbbKultur, de la chaine publique ARD, pour inviter le public a explorer le musée vide, de manière virtuelle.

Sur la chaîne Youtube du programme rbb, le Dr Martin Maischberger, directeur adjoint de la collection d’antiquités classiques des musées nationaux de Berlin, guide les “visiteurs” à travers la collection du musée lors d’un programme de 26 minutes enregistré dans les salles vides, et diffusé le 23/03/2020.

L’une des galeries britanniques « les plus emblématiques et les plus appréciées pour sa collection art moderne et contemporain » a réagi à la fermeture temporaire due au coronavirus en utilisant la technologie robotique pour fournir à son public un accès à distance à ses expositions tandis que ses portes restent fermées. Les visites de la galerie avec le robot télécommandé ont démarré le 1er avril 2020.

(Lire l’article du CLIC France: Covid-19 / Pendant sa fermeture, la galerie Hastings Contemporary lance une visite guidée de ses salles avec un robot)

  • Présenter les expositions en cours, mais non accessibles

Au delà de leurs espaces “permanents”, les musées donnent la priorité à la visite “numérique” et donc à la valorisation des expositions en cours, mais dont l’accès est physiquement impossible.

La Fondation Cartier propose ainsi un mini-site au graphisme très réussi sur son exposition « Claudia Andujar, La Lutte Yanomami ». Les visiteurs peuvent ainsi découvrir ou redécouvrir ses séries podcasts, des articles et des contenus inédits, « donnant la parole aux artistes, philosophes ou scientifiques qui ont, à l’instar de Claudia Andujar, enrichi notre vision de l’art et du monde ». De son côté, la RMN-GP a rassemblé des contenus vidéos et réalité augmentée sur son exposition Pompei qui n’a pas pû ouvrir ses portes à la fin mars. Le Musée Condé de Chantilly offre à ses visiteurs une visite vidéo de son exposition Raphael, fermée quelques jours après son vernissage, guidée par le commissaire et tournée par le Scribe Accroupi.

La vidéo est largement utilisée comme outil de visite des expositions en cours. La tate propose ainsi une visite guidée de l’exposition Warhol avec ses commissaires, enregistrée après la fermeture du lieu. Le Met Museum et la Royal Academy of Arts ont choisi une approche différente avec des visites vidéos, sans commentaires mais en musique zen, des expositions Richter, Picasso ou Léon Spilliaert.

Depuis le 9 avril 2020, le MoMA de NYC a lancé ses « Virtual Views ». Chaque week-end, le site web moma.org propose ainsi une « exposition virtuelle » composée de contenus textes, photos et vidéos sur toutes ses expositions en cours. (Lire l’article du CLIC France: Covid-19 / Le MoMA lance ses « expositions virtuelles » et valorise ses contenus numériques)

D’autres musées ont choisi des formats de visite plus innovants ou plus décalés:

. la 3D, avec par exemple la visite virtuelle 360°  de l’exposition “Hyperréalism Sculpture” de La Boverie de Liège ou la visite interactive de l’exposition en cours des Magasins Généraux à Pantin. Le musée Thyssen-Bornemisza de Madrid présente les 90 oeuvres de son exposition « Rembrandt et le portrait à Amsterdam (1590-1670) », fermée depuis le 13 mars 2020, grace à une visite virtuelle (écran ou casque) offrant une très belle qualité de reproduction des oeuvres et un parcours interactif sur le site du musée..

Visita virtual exposición "Rembrandt y el retrato en Amsterdam, 1590-1670)

. la musique. le musée de Madrid propose également sur Spotify sa playlist Spotify spéciale siècle d’or Néerlandais. La galerie Hauser & Wirth a lancé «Art Sounds», un partenariat avec @new_generation_festival qui offre “des réponses musicales hebdomadaires aux œuvres d’art présentées dans notre programme d’expositions en ligne”.

. et pourquoi pas le téléphone ?

2 musées ont eu la même idée. Le Musée Ariana de Genève propose Allô Culture!. Il “vous appelle et vous propose une conversation téléphonique avec la commissaire des 2 expositions en cours”. Chaque jeudi entre 10h et 12h, l’équipe du musée vous invite à participer à “une nouvelle aventure audioculturelle !”.

De son côté, le Museum Catharijneconvent d’Utrecht a ouvert sa “Hot line” pour l’exposition sur les Miracles. Forcé de fermer ses portes, le musée offre un avant-goût de sa nouvelle exposition sur les miracles et leur représentation dans l’art via un service téléphonique.

“Le musée Catharijneconvent est temporairement fermé. Cependant, vous pouvez obtenir un aperçu de l’exposition via notre téléphone miracle spécial. Appelez pour une belle histoire miracle via 030-3071037.”

Lorsqu’ils composent le numéro, les appelants ont le choix entre 3 options. La première consiste à tout savoir sur un miracle vécu par un membre du personnel, Simone, qui a survécu au tsunami de 2004 dans l’océan Indien. La troisième consiste à enregistrer leur propre description d’une expérience miraculeuse, qui pourrait être présentée dans l’exposition. Mais la plus populaire pourrait-être la seconde option qui permet de demander “l’événement surnaturel qu’ils souhaiteraient vivre”.

La Kunsthalle Baden-Baden a souhaité présenter l’exposition “Körper. Opinions. Macht – Eine Kulturgeschichte des Badens” même après sa fermeture forcée. L’institution propose des visites guidées en ligne jusqu’à la fin de l’exposition le 21 juin, 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7.

Autre projet numérique du musée : “2minkunst.de” utilise le smartphone comme “cadre” du 21e siècle. En onze épisodes différents, les œuvres de l’exposition “Ausstellen des Ausstellens” sont présentées dans un nouveau format de blogs vidéos et d’éléments interactifs. Grâce aux capteurs du smartphone, les visiteurs peuvent interagir avec eux et contrôler l’expérience des œuvres d’art.

Au musée MSK Gent, l’exposition événement dédiée à Van Eyck est fermée. Mais, le mercredi 8 avril à 19 h (CET), le co-commissaire Borchert a présenté personnellement les chefs-d’œuvre exposés dans les salles dans une vidéo de 30 minutes diffusée sur facebook. Et prolongée par une session de questions / réponses avec une experte du musée, proposée en direct sur la page facebook Flemish Masters.

Le Live pour stimuler l’interactivité

Cette session live sur l’exposition Van Eyck est en fait la première étape d’une série hebdomadaire organisée par Visit Flanders qui proposera chaque mercredi de visiter un musée ou un exposition de Flandre et de dialoguer en direct avec un expert pendant 45 minutes. (Lire l’article du CLIC France: Covid-19 / L’Office du Tourisme de Flandre propose des « visites virtuelles » autour des artistes flamands van Eyck, Bruegel et Rubens)

Pour ne pas manquer cette première visite VIP, il suffit de cliquer sur le bouton «Obtenir un rappel». Tous les inscrits recoivent une notification environ 10 minutes avant le début de la session live. La session du 8 avril a été suivie par plus de 10 000 personnes. La visite vidéo est ensuite partagée sur la chaîne You Tube de Flemish Masters. Et la sessions q&q sur la page facebook. (Lire l’article du CLIC France:  )

Le direct et l’événementiel sont également utilisés par d’autres musées pour valoriser leur exposition ou leur collection.

La tate a ainsi proposé en live sur Youtube, une performance du chorégraphe et artiste de danse congolais Faustin Linyekula, qui faisait partie de ceux programmés pour la BMW Tate Live Exhibition de cette année. Cette performance a été tournée avec une caméra dans l’espace Tank vide de la Tate Modern de Londres, après seulement quelques heures de répétitions. Le spectacle, diffusé uniquement en live sur Youtube, est maintenant disponible en replay. (Lire l’article du CLIC France:  )

De nombreux musées de sciences proposent également des démos live d’expériences ou des dialogues en direct avec les chercheurs.

  • Une médiation de plus en plus subjective

Dans ces lieux de sciences mais également dans des musées d’art ou d’histoires, les équipes sont de plus en plus sollicitées pour enregistrer des courtes vidéos chez eux via leur smartphone ou leur PC ou dans les salles de leur institution, même fermée au public. 

ET cela donne parfois naissance à de nouvelles vedettes !

Le Prado Museo de Madrid avait ainsi lancé avant le confinement une série de courte vidéo diffusée chaque jour 10 minutes avant l’ouverture du musée et qui donnait la parole à un collaborateur de l’institution invité à commenter une oeuvre. Un des surveillants a même généré plus d’audience que le directeur de l’institution. En période de confinement, le Prado ne produit plus de nouveaux contenus mais rediffuse son stock de plus de 200 vidéos chaque jour sur ses réseaux sociaux.

Un autre “gardien” de musée est devenu une star mondiale. Depuis le 17 mars 2020, le National Cowboy & Western Heritage Museum (Oklahoma City, USA) a confié à Tim Send, son chef de la sécurité devenait, le rôle de community manager du compte Twitter officiel du musée.


Depuis cette “nomination”, le cowboy moustachu (#HashtagTheCowboy) parcourt le musée vide avec son regard décalé et son smartphone. ET il est devenu une star mondiale. Le musée précise que Tim Send travaille avec les équipes pour créer ses tweets, même si le ton adopté reste très personnel et souvent décalé. Seth Spillman reconnait qu’avec cette décision, “le National Cowboy & Western Heritage Museum a gagné une formidable visibilité dans son propre pays et à l’international”. Le compte twitter du musée qui comptait 300 000 abonnés le 4 avril 2020, en aurait gagné plus de 50 000 en 2 semaines. Le succès est tel que le musée met en avant sa boutique en ligne et proposer même à la vente un t-shirt #HashtagTheCowboy.

Le Palais des Beaux Arts a également proposé à ses équipes de surveillance de partager leurs photos du musées sur les comptes officiels du musée.


“Parce-qu’un Musée n’est pas seulement un lieu où l’on se rend”, le Musée international de la Croix Rouge et du Croissant-Rouge, basé à Genève, à lancé l’opération #CultureChezVous et fédéré une quinzaine d’institutions culturelles de Genève qui partagent, en une vidéo de moins d’une minute, une œuvre clef de leur collections ou programme.

Tous les lundis, mercredis et vendredi, une vidéo est mise en ligne sur les réseaux sociaux accompagnée du #CultureChezVous.

Dans une nouvelle série instagram #Rijksmuseumfromhome, les conservateurs du plus grand musée des Pays-Bas mettent en lumière les œuvres célèbres sous la forme d’une vidéo de 3 à 5 minutes, tournée dans “le confort de leur foyer”.

Le 26 mars 2020, le Musée Guggenheim de Bilbao a lancé sa nouvelle initiative numérique #GuggenheimBilbaoLive, afin de mieux diffuser les expositions et les aspects inconnus du Musée lors de sa fermeture temporaire.

Via le site Web et les réseaux sociaux, le musée diffuse en continu de nouvelles séquences vidéos courtes, enregistrées au musée avec des membres de l’équipe, et portant sur les expositions et les coulisses du Musée.

Les vidéos, enregistrées à huis clos, donnent la parole aux équipes du musée: conservateurs d’art, le directeur général et représentants des départements de la conservation, de l’éducation et de l’interprétation, de la conception et du montage d’expositions ou de l’entretien du bâtiment.

« Dans ces moments complexes et confinants, les gens du Musée raconteront de près et personnellement quelle est leur œuvre préférée dans la Collection et pourquoi. Ils partageront des anecdotes et des curiosités sur les expositions actuelles du Musée, et répondront aux questions que tout visiteur peut se poser: comment les sculptures en acier colossales de The Matter of Time de Richard Serra sont-elles arrivées et comment ont-elles été installées ? Comment est organisée une exposition? Comment est entretenu le bâtiment Frank Gehry? Comment les œuvres d’art sont-elles préservées? Comment est conçue une exposition? Comment voyagent les œuvres d’art? Quelles sont les œuvres préférées des enfants? » explique le musée.

 

Une semaine après le lancement, 14 séquences vidéos étaient déjà publiées dan la rubrique du site web du musée GuggenheimBilbaoLive et sur les réseaux sociaux.

Toutes les vidéos sont disponibles sur cette page du site web ou sur la page BilbaoLive du compte Youtube du musée. (Lire l’article du CLIC France: Le Musée Guggenheim de Bilbao lance l’initiative numérique #GuggenheimBilbaoLive et enrichit son offre éducative en ligne)

  • Promouvoir les activités artistiques à domicile

Ces vidéos du Guggenheim Bilbao sont maintenant complétées par des interventions vidéos d’artistes et médiateurs du musée, destinées à inciter les familles et enfants confinés à créer.

Ces vidéos contiennent des séances de formation et de loisirs, d’une durée d’environ 15 minutes, sous forme d’atelier, d’expérience ou de narrationTrois vidéos seront publiées chaque jeudi sur www.guggenheim-bilbao.eus/guggenheimbilbaolive : deux ateliers en espagnol et basque, et un conteur en anglais.

Le Guggenheim de Bilbao n’est pas le seul musée à mettre l’accent sur la promotion des activités artistiques. La plupart des institutions cherchent le moyen le plus adapté de transférer leurs ateliers pédagogiques physiques en activité à domicile, via le numérique et le plus souvent le format vidéo.

Le Parrish Museum a proposé à ses médiateurs et à des artistes d’enregistrer des cours de dessins en ligne. (Lire l’article du CLIC France: Covid-19 / Le Parrish Art Museum (Etat de NY, USA) lance des cours de dessins en ligne et des soirées live hebdomadaires). Tandis que le Met Museum offre des activités créatives en direct sur ses réseaux sociaux.

En plus de ses nombreux contenus, notamment vidéo, pour les enfants, la Tate propose également des contenus pour les adultes et amateurs d’art. Des vidéos « How To », produites précédemment, sont disponibles sur la chaîne YouTube de Tate, pour apprendre à peindre comme Frank Bowling ou à imprimer comme Andy Warhol.

Hands making a friendship bracelet

Tandis que des institutions, telles que le MOMA ou la RMN-GP, ont remis ou réactivé leurs cours en ligne gratuits MOOC, la Fondation Alberto et Annette Giacometti a mis en ligne deux conférences en direct sur le sculpteur suisse, permettant 200 personnes à se connecter simultanément.

Les conférences sont très appréciées, explique au Quotidien de l’Art Christian Alandete, directeur artistique de l’Institut GiacomettiLes gens souhaitent profiter de ce moment pour se divertir, mais aussi pour continuer à s’éduquer, seuls ou en famille. Le nombre de participants dépasse de loin ce que nous avons l’habitude de rassembler.”

  • Les défis créatifs pour susciter de l’engagement

Prolongement logique des activités artistiques proposées en ligne, certaines institutions muséales lancent des concours et défis.

De nombreux musées français et internationaux ont ainsi lancé des concours de dessins, à destination des jeunes artistes.

Le week-end du 22 et 23 mars 2020, plus de 1 500 œuvres d’art (un nombre record) ont ainsi été envoyées à la Tate par des enfants du monde entier. Elles peuvent maintenant être vues sur la Tate Kids Gallery.


Malgré sa fermeture, la Royal Academy of Arts a maintenu son concours annuel Summer Art et collecte les création des jeunes artistes jusqu’à la fin avril 2020. Les meilleures créations seront exposées en ligne, mais également dans une des galeries de l’institution après sa réouverture.

D’autres musées comme le RijksMuseum, Paris Musées, le PBA de Lille et le MBA de Lyon ont choisi de relayer et d’encourager le challenge #tussenkunstquarantaine lancé par 3 jeunes femmes confinées à Amsterdam. Le musée d’Arts de Nantes récompensera même les meilleures créations.


De son côté, le Getty a lancé son propre défi, sur le même principe et incite son public a réinterpréter les oeuvres de sa très vaste collection en Open Content. (Lire l’article du CLIC France: Covid-19 / Quand le public confiné réinterprète les chefs d’oeuvres des musées du monde)

  • Une forte croissance des audiences des sites web et de l’engagement sur les réseaux sociaux

Les efforts des musées pour valoriser leurs ressources et en créer de nouvelles et la forte disponibilité des amateurs d’art et des amis des musées, tous confinés, ont généré de très fortes croissances des audiences des sites web et de l’engagement sur les réseaux sociaux des institutions muséales.

. Le 20 mars 2020, le British Museum a annoncé que le nombre de visiteurs sur son site web avait doublé au cours des deux dernières semaines et demie, lorsque les crises de coronavirus ont commencé à s’accélérer et que les musées du monde entier ont dû fermer.

Pour la période du 1er mars au 18 mars 2020, 978 548 utilisateurs ont visité le site britishmuseum.org, contre 472 890 au cours de la même période l’année dernière. La majorité de cette augmentation s’est produite au cours des 7 derniers jours, précise le British Museum.

Le premier pays en termes de visiteurs en ligne en mars 2020 est l’Italie, il était le quatrième en janvier et le cinquième en février 2020. Les visites de ce pays ont plus que décuplé: de 16 672 pendant tout le mois de février à 203 250 jusqu’à présent en mars. Cette période coïncide avec les mesures plus strictes prises par l’Italie pour rester à la maison afin de lutter contre la pandémie.

. Dès le 25 mars le Met Museum annonçait qu’au cours des dernières semaines, les médias sociaux du Met avaient connu une augmentation significative de leur engagement: une augmentation de 95% sur Instagram, de 57% sur Twitter et de 17% sur Facebook.

La page d’accueil du Met, qui présente actuellement les contenus et expériences numériques offerts par le musée, a également connu une augmentation globale du trafic – de 76,5% – avec un public largement attiré par les pages de la collection d’art. Les vidéos et pages #MetKids ont augmenté de 1 098%, et la section qui permet de télécharger gratuitement des ouvrages et catalogues, MetPublications de 858%.

. De son côté, le Musée du Louvre révélait, le 8 avril 2020, qu’il avait gagné 138 000 nouveaux abonnés sur les réseaux sociaux, pour atteindre un total de 8,6 M d’abonnés. Le Louvre a notamment recruté sur Instagram (+ 115 000 abonnés) et sur Facebook (+ 9 800 ). Sur Youtube (+ 135 000 vues sur les 28 derniers jours), les vidéos les plus regardées dernièrement sont les conférences filmées de Michel Pastoureau sur la couleur au Moyen-Age, la vidéo sur la technique de la peinture à l’huile, celle sur l’histoire du Louvre en 800 ans et les dessins animés « Une minute au musée ».Enfin, le site www.louvre.fr qui reçoit habituellement environ 40 000 visites par jour, connaît une forte fréquentation avec jusqu’à près de 400 000 visites par jour. Les pages les plus vues sont les chefs-d’œuvre du musée, l’expérience de réalité virtuelle avec la Joconde (3 000 téléchargements) et les visites virtuelles du musée.

Espérons que ce sursaut d’audience et d’engagement se pérennise et qu’il se prolonge par une plus forte fidélité aux offres numériques des musées et un retour rapide des visites réelles des lieux culturels lorsque ceux ci pourront à nouveau ouvrir leurs portes. Ils en auront tous besoin, tant pour des raisons psychologiques que financières.

Quel musée demain ? 

Reste une question: l’activité des musées en cette période de confinement, leur organisation et les nouveaux contenus produits peuvent ils avoir un impact sur leur avenir et sur leur fonctionnement demain. Le musée de demain ressemblera-til au musée d’hier ou devra-t-il se réinventer et proposer des formes nouvelles de relations, de médiation et d’interactions.

Dans les jours qui viennent, le CLIC France interrogera les professionnels et recueillera leur vision sur le musée après confinement.

SOURCES: musées, presse, CLIC France 

PHOTOS: musées

Date de première publication: 17/04/2020

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