Pour la première fois, le Centre Pompidou expose 16 œuvres NFT récemment intégrées à sa collection

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Seize œuvres NFT, récemment achetées ou reçues en don, sont présentées pour la première fois par le musée parisien d’art moderne et contemporain, jusqu’en janvier 2024. Le Centre Pompidou dévoile ainsi une partie de sa nouvelle collection de “jetons non fongibles” au moment où cette forme d’art numérique connait de fortes turbulences.

L’exposition baptisée, “NFT : Poétiques de l’immatériel du certificat à la blockchain”, est présentée dans deux salles du Centre Pompidou, jusqu’en janvier 2024. Elle rassemble 18 œuvres numériques de 13 artistes français et internationaux, dont 16 créations NFT, récemment entrées dans la collection et présentées sur des écrans.

Série de NFT « CryptoPunks ». Générés algorithmiquement, il en existe 10 000 exemplaires. En 2023, le « CryptoPunk #110 » est entré en collection grâce à un don. © Yuga Labs
  • 16 NFT de la collection

En février 2023, le Centre Pompidou a annoncé l’entrée de 18 œuvres NFT dans sa collection. (ARTICLE CLIC: Le Centre Pompidou révèle les premières œuvres blockchain et NFT qui entrent dans sa collection)

Environ la moitié des œuvres exposées à Pompidou ont été données par leurs auteurs, tandis que d’autres ont été acquises pour quelques dizaines d’euros seulement, au taux de change actuel de la crypto-monnaie ethereum, selon la plateforme de marché de NFT OpenSea.

“Pour ces artistes, l’idée est d’entrer dans l’histoire de l’art et aussi de s’assurer de la pérennité de leurs œuvres, parce que le rôle d’un musée est de préserver un patrimoine et donc d’assurer la longévité des œuvres”, a expliqué auprès de l’AFP, Marcella Lista, conservatrice en chef du service des nouveaux médias du Centre Pompidou et commissaire de l’exposition.

L’exposition présente notamment un “cryptopunk”, personnage à crête qui est l’un des emblèmes du monde du crypto-art, ou encore “Bitchcoin”, représentation imaginaire d’un bitcoin, créé par l’artiste Sarah Meyohas en 2015. Il s’agit de l’un des premiers NFT rattaché à une œuvre d’art numérique.

L’artiste californien Robness a également offert au musée un portrait imaginaire en 3D de l’inventeur présumé du bitcoin, Satoshi Nakamoto, dont l’identité n’a jamais été révélée. Cette création est inclus dans l’exposition.

“Pour l’exposition, nous allons les remettre en contexte, notamment en présentant quelques objets qui témoignent de cette histoire de la dématérialisation de l’œuvre, comme des certificats, des protocoles, ou des documents qui ont pu accompagner des démarches immatérielles dans l’art moderne et contemporain depuis la seconde moitié du 20e siècle – je pense au Chéquier d’Yves Klein, par exemple” expliquait Philippe Bertinelli, l’un des autres commissaires de l’exposition.

 

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  • Nouvelles procédures d’achat

A l’occasion de l’exposition, le Centre Pompidou a levé le voile sur la procédure qu’il a du suivre pour acquérir ses premiers NFTs.

Ne pouvant payer en cryptomonnaies, le musée a procédé aux achats en euros directement auprès des artistes et, pour chaque œuvre, un contrat a été signé en droit français. Comme tous les collectionneurs de NFT, le Centre Pompidou a cependant dû créer un porte-monnaie électronique sur OpenSea. Ce compte, accessible au public, n’est toutefois qu’une vitrine sur internet, précise Philippe Bertinelli.

“On a un système de conservation sur plusieurs serveurs, sur plusieurs supports, qui nous permet, en cas de perte, de panne, d’incendie, (…) d’assurer la pérennité du stockage”, a expliqué Philippe Bertinelli à l’AFP.

  • A contre courant ?

En présentant pour la première fois une exposition de créations NFT, le Centre Pompidou semble un peu à contre courant. A un moment où les NFTs font l’objet de critiques et le marché des jetons de fortes turbulences.

Après plusieurs années de fièvre spéculative, le marché des jetons non fongibles s’est effondré en 2022, alors que l’écosystème des crypto-monnaies était lui même secoué par les scandales. Les transactions ont chuté de 94%, passant de 232,7 millions de dollars en 2021 à 13,9 millions de dollars en 2022, selon la société d’analyse Artprice.

Malgré ces déboires, le NFT continue d’être un média ou un support pour les artistes. 

“Cette technologie est comme le courrier électronique : elle ne va pas disparaître”, selon l’artiste Robness, cité par l’AFP. “Si vous commencez à vous préoccuper de la dynamique du marché, vous gaspillez votre énergie. (…) Cela ne vous aide pas à créer”.

Le Centre Pompidou n’est pas le premier musée français à acquérir et exposer des NFTs. Le musée Granet d’Aix en Provence l’avait fait dès  (ARTICLE CLIC: Le Musée Granet d’Aix en Provence intègre des créations NFT à une exposition et à sa collection)

https://www.centrepompidou.fr/fr/magazine/article/le-centre-pompidou-passe-a-lheure-nft

SOURCES: Centre Pompidou, AFP, presse

PHOTOS: artistes

PHOTO du carrousel: Émilie Brout & Maxime Marion, Nakamoto (The Proof), 2014-2018, courtesy des artistes et 22,48 m², Paris. Photo © Aurélien Mole

Date de première publication: 02/05/2023

Le Centre Pompidou et le musée Granet sont membres du CLIC

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