Le Musée de la Pêche de Concarneau a lancé Pélagie, son robot conversationnel pour visiter l’Hémérica

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Le Musée de la Pêche de Concarneau innove dans sa médiation en faisant appel à l’intelligence artificielle. Il vient de mettre en place un chatbot nommé Pélagie pour guider de manière ludique la visite de l’Hémérica, un chalutier transformé en bateau-musée et l’une des pièces maîtresses de la collection du musée. Dans une interview exclusive au CLIC, Sophie Kervran directrice des musées de Concarneau Cornouaille Agglomération (Musée de la Pêche de Concarneau et musée de Pont Aven) explique pourquoi elle a choisi l’intelligence artificielle et revient sur d’autres projets innovants déployés ou en cours de développement. 

Le musée de la Pêche de Concarneau souhaitait proposer à ses visiteurs des outils innovants pour “aider à découvrir les collections et rendre les visites enrichissantes”.

C’est dans cette optique que le musée a fait appel à la société Ask Mona, spécialisée dans l’intelligence artificielle culturelle, pour créer cette nouvelle expérience de médiation, interactive et ludique.

Après appel à projets et entretiens, la société Ask Mona a été retenue pour imaginer l’expérience innovante de visite de l’Hémérica, au Musée de la Pêche.

L’idée est de mener l’enquête à bord du bateau tout en délivrant des connaissances sur le mode de vie à bord. Les visiteurs immergés dans l’univers marin doivent résoudre une énigme: “au moment d’embarquer, le capitaine ne retrouve plus ses plans de pêche. Il refuse de quitter le port de Concarneau sans eux. Seul un membre de l’équipage a pu monter à bord du bateau pour s’en emparer. Le visiteur doit donc enquêter auprès de chaque marin pour découvrir qui est le coupable et son mobile”.

Le public doit simplement flasher le code (aucun téléchargement requis) sur la signalétique présente dans le musée et suivre les consignes de Pélagie pour démarrer l’expérience.

Quelques questions à … Sophie Kervran, directrice et conservatrice en Chef du musée de la Pêche de Concarneau et du Musée de Pont Aven

. Comment est née l’idée d’utiliser l’IA ? Pourquoi avez-vous fait le choix de l’IA ? Combien de temps le projet a nécessité ?

Le Musée de la Pêche qui date de 1961 n’a pas connu de réhabilitation et présente donc une ambiance de “cabinet de curiosités” qui  plaît au public mais il est apparu essentiel à l’équipe du musée de faire glisser notre établissement vers une modernité: modernité des sujets abordés (actualité de la pêche, développement durable, place des femmes dans le domaine halieutique…) mais aussi modernité numérique.

Nous avons remarqué que notre chalutier à flot, l’Hémérica, très prisé des visiteurs, n’était pas pourvu d’explications assez claires et qu’il était par ailleurs difficile d’imaginer une signalétique in situ. Nous avons donc lancé un appel à projets pour un outil numérique.

Après réception de 9 dossiers et audition de 2 projets, celui d’Ask Mona nous a semblé le plus pertinent, notamment pour sa légèreté de mise en place (pas de téléchargement alors que nous sommes dans une zone pas toujours bien pourvue en wifi et 4G), son caractère novateur et son caractère immersif.

. Vous avez choisi une narration ludique. est ce pour mieux toucher les publics jeunes et famille ? 

Le public de Musée de la Pêche est composé à 30 % de moins de 18 ans. Le public est très familial et c’est l’une de nos cibles prioritaires d’où le choix d’une narration ludique certes mais qui apporte aussi des informations.

L’idée est d’aider le patron  à retrouver les plans de pêche (qui permettent de localiser le poisson) qui ont été volés et d’interroger l’ensemble des membres de l’équipage. C’est un moyen de faire comprendre les conditions de vie difficiles à bord.

. Quels types de contenus sont proposés ? Quelle est la durée totale de l’expérience ? 

Les contenus sont composés de textes et photos. On envisage d’ajouter de la vidéo, notamment dans les parties Infos.  L’expérience dure environ 30 mn.

. Le robot conversationnel utilise Chat GPT ou des contenus et une arborescence pré-définis ?

Il utilise des contenus scientifiques transmis par l’équipe du musée à Ask mona qui les a “remoulinés” et rédigés selon leur scénario préalablement validé.

L’arborescence a été établie selon l’enquête (retrouver les plans de pêche) avec la contrainte qui était donnée que le visiteur passe par tous les endroits clés du bateau.

Ask Mona a développé cet outil déjà dans d’autres musées et a donc une structure commune qu’il décline ensuite pour chaque établissement.

. Le robot conversationnel remplace-t-il un outil de médiation existant (audioguide ou autre) ?

Non, il s’agit de la première grande incursion numérique du musée de la Pêche!
Nous avons également trouvé intéressant l’accompagnement d’une graphiste mandatée par Ask Mona pour imaginer le chatbot : nous souhaitions que ce soit une femme, jeune, moderne, sans entrer dans les clichés du marin-pêcheur. Pélagie est donc née.

. L’expérience est-elle seulement utilisable in situ ou également hors les murs ? 

On peut scanner le QR-code où l’on veut et avoir accès au chatbot et surtout aux parties “A la pêche aux infos” mais l’expérience ne peut être complète que si on est vraiment sur le bateau.

. Comment avez vous financé le projet ? 

Nous avons financé le projet avec le budget de notre collectivité, Concarneau Cornouaille Agglomération complété par une subvention de la Région Bretagne dans le cadre d’un appel à projets “Patrimoine maritime et littoral. Surprendre”.

. Pourriez vous également utiliser l’iA dans le musée de la Peche et le Musée de pont Aven ?

On envisage un nouvel outil numérique de découverte de notre collection au Musée de Pont-Aven et c’est une piste. L’idée de “converser ” avec un chatbot nous semble pertinente pour accompagner le visiteur.

Le Musée de la Pêche devrait connaître un chantier de réhabilitation dans un ou deux ans et nous nous pencherons également sur la question.

. Avez vous lancé ou développé d’autres projets innovants (numérique ou social) dans vos musées ?

Borne Losonnante au Musée de la Pêche de Concarneau

Oui, plusieurs !

Pour le Musée de la Pêche, nous avons travaillé avec Losonnante qui nous a créé une borne à conduction osseuse permettant aux visiteurs, sur l’estacade menant à l’Hémérica, de découvrir une ambiance de criée et de retour de pêche, tout en regardant en face d’eux les bâtiments et le port, une sorte de lecture sonore du paysage.

Nous avons également restauré un canot de sauvetage conservé au sein du musée, lors de chantiers participatifs : les charpentiers de marine ont initié les visiteurs, les amis du musée ainsi que des CAP charpenterie de marine à la restauration de certains éléments. Le chantier a été documenté par une web-série de 3 épisodes et un podcast qui a donné la parole aux jeunes “restaurateurs”.

Un des épisodes de la web-série de 3 épisodes sur le chantier participatif du canot de sauvetage “Commandant Garreau”:

Au musée de Pont-Aven, nous travaillons également sur un site internet écoconçu qui devrait sortir avant l’été.

Propos recueillis par mail le 13 mars 2024

Des œuvres du musée de la Pêche sur Google Arts & Culture

Sur l’espace “musée numérique” de son site web, le musée de la Pêche valorise d’autres projets innovants: les cartes postales sonores pour écouter des pêcheurs de Concarneau, des vidéos de l’Opéra documentaire – 60 ans du musée et un accès vers les contenus du musée sur Google Arts & Culture.

www.musee-peche.fr/fr/musee-numerique

Interview radio de Sophie Kervran (RCF Radio): 

SOURCES: Musée de la Pêche de Concarneau, presse

PHOTOS: Musée de la Pêche de Concarneau

PHOTO du carrousel: le chalutier Hémérica du Musée de la Pêche de Concarneau

Date de première publication: 13/03/2024

Concarneau Cornouaille Agglomération et Ask Mona sont membres du CLIC

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